Sonia Vinolas au Magazine d'Aide et Action
« En Guinée, la société civile revendique une place active dans le développement de son pays ». Propos de Sonia Vinolas, coordinatrice France du Projeg, dans un entretien accordé au Magazine d’Aide et Action, N° 109 du mois de décembre 2008. Lisez plutôt.
Aide et Action : En quoi consiste le PROJEG?
Sonia Vinolas : Le PROJEG a démarré un cycle de quatre ans en novembre 2008. Il doit permettre aux Guinéens de mieux prendre part au développement de leur pays. Il répond à la crise économique et sociale que traverse la Guinée. Soutenu par le ministère des Affaires étrangères et européennes français et des organisations de la société civile française et guinéenne, il s’adresse aux associations, aux pouvoirs publics et aux syndicats de ces deux pays afin qu’ils contribuent pleinement à la lutte contre la pauvreté et les inégalités.
AEA : Quel type d’actions le PROJEG
soutient-il ?
S.V. : Le PROJEG a développé trois axes de travail essentiels. Tout d’abord, la professionnalisation des organisations de la société civile. Ensuite, la promotion de l’expression et de la visibilité de la jeunesse. Enfin, la mobilisation sociale autour de quatre thématiques de plaidoyer: lutte contre la corruption, environnement minier, gestion foncière, réduction de la dette… Les actions sélectionnées par le PROJEG doivent correspondre à ces enjeux. En juillet 2008, nous avons sélectionné 38 projets sur 200 proposés. Parmi ceux-ci, on peut notamment citer un projet de sensibilisation des jeunes filles à la vie associative et à la réalisation d’activités génératrices de revenus. Également au programme, un projet d’appui à la réinsertion des jeunes déscolarisés et non scolarisés. Sans oublier un projet de formation en leadership des responsables des organisations de jeunes et de femmes des régions de Labé et de Mamou.
AEA: Pourquoi parler de professionnalisation ?
?
S.V. : Le diagnostic a montré que les organisations de la société civile souhaitaient être soutenues dans leurs capacités de négociation et de dialogue. Des besoins ont été exprimés : comment communiquer avec les pouvoirs publics locaux ? Comment faire une demande de financement auprès d’un bailleur de fonds? Comment gérer un partenariat? Nous sommes convaincus qu’avec le renforcement des capacités des associations, la société civile guinéenne deviendra un interlocuteur mieux reconnu.
AEA: Comment soutenez-vous ces organisations dans la mise en oeuvre de leur projet ?
S.V. : Un des objectifs du PROJEG est de mettre les organisations en réseau. Une première étape consiste à les regrouper en consortiums afin qu’elles montent un projet. Organisées autour d’une action commune, elles ont alors la possibilité d’échanger leurs compétences et de s’enrichir de leurs expériences. Au niveau local et national, nous organisons aussi des rencontres entre consortiums où ils peuvent s’informer, se former, échanger. Nous sommes d’ailleurs en train de développer une sensibilisation pour faciliter leur propre suivi du projet. Les organisations dont les projets n’ont pas été sélectionnés peuvent aussi bénéficier de ces formations. L’idée n’est pas de construire un cercle fermé mais bien de les professionnaliser pour qu’un jour elles puissent justement être sélectionnées.
AEA: Le PROJEG prévoit-il un « relais» au niveau local pour le suivi des projets ?
S.V. : Oui, chaque région est dotée d’un coordinateur chargé d’informer les organisations des rencontres et des formations prévues. Il peut aussi les conseiller lorsqu’elles en ont besoin. Par exemple, un consortium de trois organisations de journalistes de nationalités différentes monte un projet qui vise à créer des espaces d’échanges entre les médias guinéens et les organisations de la société civile. Il était difficile pour ces structures de gérer leur éloignement. Le coordinateur est donc allé les rencontrer et leur a suggéré des outils pour leur permettre de mieux communiquer entre elles.
AEA: Où en êtes-vous de l’avancée des projets ?
S.V. : Aujourd’hui, les actions ont commencé et certaines sont mêmes déjà en train de se terminer. Nous avons visé des projets de courte durée, car nous sommes dans l’année pilote. Cette phase nous permet de réorienter, de préciser et d’améliorer l’efficacité du programme.
Au mois de janvier, nous lançons notre deuxième appel à projets, mais, cette fois-ci, nous sortons de la phase test. Maintenant, le but est la sélection de projets sur une plus longue durée.